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Meurtres d'Élise et Julien à Rouen : un accusé fuyant à la personnalité insaisissable

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La première journée de débats sur l'affaire des meurtres d'Élise et Julien, en 2015 à Rouen (Seine-Maritime), devait aider à cerner la personnalité de Jean-Claude Nsengumukiza, l'accusé.

La première journée de débats sur l’affaire des meurtres d’Élise et Julien, en 2015 à Rouen (Seine-Maritime), devait aider à cerner la personnalité de Jean-Claude Nsengumukiza, l’accusé. (©JB/76actu)

Le premier jour de débats dans le procès du double meurtre de la place de la Pucelle a été éprouvant, lundi 1er avril 2019. Cette journée était consacrée à l’examen de la personnalité trouble de Jean-Claude Nsengumukiza, accusé d’avoir tué Élise et Julien à Rouen (Seine-Maritime), dans la nuit du 19 au 20 décembre 2015.

L’émotion à l’ouverture du procès

Mais avant même l’ouverture des débats, l’émotion était palpable dans la salle des assises. Une jurée supplémentaire a dû être dispensée après avoir été prise d’un malaise juste après le tirage au sort.

Les larmes ont également coulé, discrètement, dans le rang des parties civiles, les familles d’Élise et Julien. Notamment lorsque le président a détaillé les terribles violences subies par la jeune femme et son ami.

Lire aussi : Double meurtre d’Élise et Julien à Rouen : deux ans après, le suspect déclaré pénalement responsable

L’agacement s’est aussi manifesté discrètement chez les familles lors du long interrogatoire de Jean-Claude Nsengumukiza sur son histoire et sa personnalité. Un agacement plus vivement manifesté par l’avocat général, qui n’a pas hésité à pointer « le don de monsieur pour inventer des histoires extraordinaires ».

Des réponses confuses

Tout au long de la journée, il a été question de démêler les fils de l’histoire de l’accusé. De son enfance au Rwanda, à son trajet à travers le continent africain jusqu’en Afrique du Sud, d’où il est parti avant d’arriver clandestinement au Havre.

Qu’a-t-il connu du terrible génocide des Tutsis en 1994 ? Difficile à dire tant ses réponses ont souvent été confuses, évasives. Face aux questions précises du président, il a digressé, s’est emmêlé parfois dans les détails, a ignoré même combien il a d’enfants. Tantôt, il dit que sa famille de l’ethnie Hutu n’avait pas été menacée durant la guerre, puis revirement, il évoque des menaces pour prétexte à son départ du Rwanda.

Lire aussi : Double meurtre place de la Pucelle, à Rouen. Ce que nous savons du suspect

Menacé ou pas, il a traversé, selon son récit, plusieurs pays d’Afrique avant d’arriver en Afrique du Sud. Au Cap, il a embarqué clandestinement sur un bateau arrivé au Havre en juin 2002.

14 mentions au casier judiciaire…

Le récit de son arrivée en France a été rocambolesque. Selon ses dires, il a sauté du navire où il était enfermé en cellule, repéré comme clandestin, et a dû être secouru par hélicoptère. La suite est désordonnée. Il assure qu’on lui a confisqué ses papiers à son arrivée au port, à cause d’un « manipulateur ».

Vient ensuite son séjour à Rouen, en foyer, là où ont commencé les actes de délinquance. Au total, son casier compte 14 mentions pour des faits entre autres de vols, de violences, d’infractions liées aux stupéfiants et de non respect de mesures de reconduite à la frontière. Il a également séjourné à Paris et en région lilloise. Sa première incarcération remonte à 2005.

Lire aussi : Meurtre d’Élise et Julien, à Rouen. Le suspect condamné pour avoir frappé son codétenu

Une évasion spectaculaire depuis le consulat du Rwanda et une libération plus tard, il a brièvement séjourné en Belgique et aux Pays-Bas où il a été interpellé puis renvoyé en France.

En 2009, il est accusé de viol. Des faits qu’il a tantôt reconnu, mais qu’il s’évertue à nier aujourd’hui. « Je ne suis pas un violeur », a-t-il assuré non sans irriter les parties civiles. Placé en détention provisoire puis condamné en 2011 pour ce viol, il s’est trouvé au cœur de plusieurs incidents : tentatives d’évasion et violences sur un codétenu.

… et 13 identités différentes

À sa sortie de prison, le 17 novembre 2015, Jean-Claude Nsengumukiza était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français. Mais déjà, à la suite du rejet de ses demandes d’asile et de ses précédentes condamnations, il faisait l’objet de mesures de reconduite à la frontière.

Présenté dans divers consulats de pays africains, il n’a toutefois pas pu être expulsé en raison du doutes autour de son identité et de sa nationalité véritable. Et pour cause, en France, il a usé de pas moins de 13 alias différents.

C’est d’ailleurs peut-être la seule réponse claire qu’il aura donné au cours de cette première journée d’audience : « Je suis Jean-Claude Nsengumukiza, né en mars 1981 en Ouganda, de nationalité rwandaise. »

« Je ne me souviens pas »

Même aux questions simples du président, en tout début de journée, il n’a pas été en mesure de répondre clairement. Ces questions étaient pourtant cruciales : reconnaît-il avoir violé et tué Élise puis tué Julien ? « Je ne me souviens pas », a-t-il répété, poursuivant :

Je suis dépassé par l’émotion. Je suis très touché d’être là, devant les familles. 

Plus tard, il a assuré ne pas « être un animal. Je ne suis pas un monstre. Je ne suis pas venu pour emmerder la France ».

Lire aussi : Double meurtre d’Élise et Julien à Rouen : une famille veut engager la responsabilité de l’État

Un « manipulateur » selon les parties civiles

Que sait-on réellement de Jean-Claude Nsengumukiza à l’issue de cette journée ? On peut sans trop de doutes affirmer que son enfance et son adolescence ont été marquées par la violence, que son parcours jusqu’à la France a été chaotique. Il fait peu de doute aussi que le mensonge a vite été pour lui un moyen de s’en sortir en France. Interrogé sur ses différentes condamnations, pour des faits qu’il a reconnu, mais qu’il nie aujourd’hui, il répond : « Je l’ai fait pour survivre, pour apaiser ma situation. »

Il développe le même argument de l’instinct de survie pour justifier sa forte consommation d’alcool et la prise régulière de stupéfiants. Il souffre d’ailleurs d’une maladie du foie résultant de son alcoolisme.

Ses réponses évasives, contradictoires parfois, lui ont en tout cas déjà valu les foudres de l’avocat général et des représentants des parties civiles qui voient lui un « manipulateur ». Reste à savoir si, mardi 2 avril, journée consacrée à l’exposé des faits qui ont eu lieu dans l’appartement d’Élise en décembre 2015, il sera plus explicite dans ses déclarations.

Le procès doit s’achever le vendredi suivant. Jugé pour « récidive de viol et récidive de meurtre précédé, accompagné ou suivi d’un autre crime », il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.


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