
L’homme possédait 3267 photos et 221 vidéos à caractère pédopornographique. (Photo d’illustration)
L’affaire remonte à 2015. DCNS (aujourd’hui Naval Group) avait passé un accord avec une société informatique pour la gestion des postes de travail de ses salariés, notamment pour que les règles de sécurité soient strictement respectées.
Un homme était en poste sur le site de DCNS depuis 2012 pour assurer ce travail. Il disposait d’un bureau et d’ordinateurs. Cet homme, 37 ans à l’époque, c’était celui qui, mardi 30 avril, comparaissait devant les juges cherbourgeois pour abus de confiance, détention d’images pornographiques de mineurs et autres délits de même nature.
Dans le secret de son bureau
L’activité secrète du « surveillant » informatique a été découverte par hasard. Un salarié de DCNS avait reçu un disque dur pour un logiciel particulier. Et en cherchant dans le disque dur, il est tombé sur un téléchargement d’images de mineurs en situation d’exploitation sexuelle.
DCNS a déposé plainte pour détournement de matériel professionnel à des fins personnelles, c’est-à-dire pour abus de confiance, et a remis le disque dur aux enquêteurs.
Les images et les scènes vidéo captées par le prévenu concernaient des mineurs, garçons comme filles, de 5 à 17 ans, dénudés, ou en positions suggestives, voire contraints par des adultes à des pratiques sexuelles de l’ordre du viol.
« De vraies victimes »
Les fichiers trouvés par les enquêteurs étaient structurés, classés, en vue d’une utilisation aisée. Au total, ce sont 3 267 photos pédopornographiques qui ont été découvertes par les enquêteurs sur quatre disques, et 221 vidéos. La présidente du tribunal a demandé au prévenu :
Pourquoi avez-vous importé ces images illicites sur votre lieu de travail ?
Ce à quoi il a répondu :
La configuration de mon bureau pouvait me permettre de faire ces opérations sans être vu. Je suis rentré dans ce système, et je n’ai pas pu en sortir.
L’homme est marié, père de famille. Ce qui a conduit le procureur de la République, dans son réquisitoire, de lui rappeler que les mineurs mis en scène dans les images odieuses de ses téléchargements :
Ce ne sont pas des êtres fictifs. Ce sont de vraies victimes, abusées par des adultes. Et ce sont des gens comme vous qui alimentent ces pratiques.
Conversations par webcam
Mais l’homme n’en était pas resté à cette accumulation d’images à consulter dans le secret de son bureau. Il s’était fabriqué un pseudonyme, jeune homme bien de sa personne, « belle gueule », « pour avoir un profil plus intéressant », a-t-il avoué.
Le but ? Entrer en conversation très orientée avec les mineures, les amadouer pour qu’elles se dénudent et, par webcam, les filmer à leur insu. Ce qui a aggravé la situation pénale de l’homme des préventions de corruption de mineurs et d’atteinte à leur vie privée par transmission de leur image.
Deux ans de prison ferme requis
Devant l’ampleur et la gravité des délits, le procureur a requis à l’encontre du prévenu 2 ans de prison ferme, avec, ensuite, un suivi socio-judiciaire de 3 ans comportant l’interdiction de tout contact avec les jeunes qu’il avait sollicitées, l’interdiction de tout contact avec des mineurs (sauf les siens) ainsi que de toute activité qui le mette en lien avec des mineurs.
Le magistrat a demandé que le prévenu soit inscrit désormais au Fijais, le fichier des délinquants sexuels. Quant à DCNS (Naval Group), l’urgence ayant été de s’assurer qu’aucune atteinte aux données sensibles n’avait été commise, l’entreprise a chiffré son préjudice, notamment en se basant sur le temps passé par le prévenu dans le secret de son bureau à toute autre chose que son travail, soit 10 000 euros pour le préjudice matériel et 1 000 euros pour son préjudice moral. Délibéré au 14 mai, à partir de 13 h 30.