Grégory Russel, promoteur du projet du vignoble et des chais du Château de Belmar revendique soixante-quinze associés dans cette aventure (©Laurent Rebours)
En treize mois de travaux, l’ancien couvent des Soeurs de la Providence à Mamers (Sarthe) a opéré une réelle métamorphose. Acquis par Grégory Russel pour en faire les chais du Château de Belmar, le site est progressivement en train de devenir un lieu de l’oenotourisme, complémentaire du vignoble planté depuis maintenant deux ans sur les hauteurs mamertines.
Décoration Art déco et japonisante
Pour la décoration, le choix s’est porté sur l’Art déco et le japonisme (©Laurent Rebours)
Il reste encore quelques semaines de travaux pour que la mue soit complète. De la décoration désormais, pour l’essentiel, avec un fil conducteur voulu par Grégory Russel :
Nous avons souhaité avoir globalement une thématique sur l’Art déco et le japonisme, qui va se décliner partout, dans les tapisseries, dans le choix des décorations, dans l’ameublement, dans les objets… Nous avons beaucoup chiné pour ça ! »
Trois heures de visite des chais
Au rez-de-chaussée, la salle des chais abritera des dizaines de tonneaux, elle sera visible de l’extérieur à travers les grilles (©Laurent Rebours)
La boutique va être la porte d’entrée dans ces chais, accessible les vendredis, samedis et dimanches pour tout un chacun souhaitant acheter du vin. Une porte vitrée laissera entrevoir les chais mais leur accès se fera uniquement sur réservation. Une démarche qu’explique le concepteur des lieux :
Ce que nous voulons, c’est que la visite de ces chais corresponde vraiment à une démarche d’oenotourisme qui est actuellement très en vogue. Elle se fera sur rendez-vous, pour dix personnes minimum, toute la semaine. Elle durera de deux à trois heures avec la présentation du vignoble, de notre démarche, puis ensuite la visite des chais, des dégustations avec bien évidemment un accompagnement de produits locaux…
Les anciennes grilles du musée Rodin
Des grilles monumentales ont été récupérées lors d’une vente aux enchères du musée Rodin en restauration (©Laurent Rebours)
Tout s’accélère désormais avec la première récolte du Château de Belmar prévue cet automne et les premières bouteilles ont déjà fait l’objet d’un véritable engouement.
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Les artisans s’affairent donc à terminer les travaux. Parmi les tâches les plus ardues on trouve la pose de grilles monumentales qui proviennent d’une vente aux enchères du musée Rodin.
Elles sont absolument exceptionnelles et elles correspondent à l’époque Art déco. Il y avait cinq grandes grilles de cinq mètres de large que nous avons reconditionnées. C’est un défi de les fixer car chacune pèse plus de 500 kg. Pour cette seule grande grille d’entrée aux chais vous avez trois tonnes ! »
Des grilles pesant chacune au moins 500 kg (©Laurent Rebours)
Un pressoir de quatre tonnes
La salle des chais présentera des dizaines de tonneaux de chêne au rez-de-chaussée. Elle a été quelque peu transformée par l’ajout de poutrelles métalliques susceptibles de supporter les quatre tonnes du pressoir situé à l’étage juste au-dessus.
Dans cette salle de l’étage toute la vendange sera réceptionnée avant d’être mise dans un pressoir sous azote, pesant quatre tonnes, en ambiance inerte, le nec plus ultra de ce qui existe actuellement car, contrairement à l’oxygène il n’interagit pas avec les composés du vin et permet donc de maîtriser davantage son style.
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Dans notre démarche nous cherchons à conserver d’un bout à l’autre du processus de vinification, le maximum des saveurs du raison que nous allons produire et surtout d’éviter le processus d’oxydation qui fatalement altère les composantes du vin ».
A l’étage, un pressoir à l’azote de quatre tonnes, doit venir s’installer. La vinification se fera par gravitation (©Laurent Rebours)
Toujours dans cette logique, le choix de la gravitation… coulait de source ! Pas de pompe ici, susceptible de perturber la structure du vin, mais une démarche ancestrale, monacale même – parfaitement adaptée à l’origine des lieux – où le vin prend tout son temps. L’ensemble de la salle va être en thermo-régulation permanente pour éviter tout écart de température.
Et soudain, une cheminée historique !
Juste à côté des chais, une vaste salle de dégustation a été aménagée avec de grands panneaux métalliques rivetés. Ils créent une ambiance cale de navire étonnante. Un autre pan des grilles du musée Rodin sert de protection pour un « monte-tonneaux » directement de la cave.
Cachée derrière un manteau noir, cette cheminée remonterait au XIème siècle et doit être classée (©Laurent Rebours)
Et puis, dans une salle annexe, les propriétaires ont soudain fait une découverte exceptionnelle comme le relate Grégory Russel :
A la base, il y avait une cheminée, masquée par un habillage noir franchement pas joli et que nous avons fait sauter. Sauf qu’en enlevant ce décor les artisans ont mis au jour tout autre chose. Une cheminée qui va être bientôt classée monument historique car elle remonterait au XIème siècle ! Sûrement la plus vieille oeuvre d’art de Mamers. On distingue encore dessus des peintures polychromes représentant un cavalier avec une lance, des fleurs, des arbres, une rivière… Il y a même la plaque du fondateur des lieux actuels qui s’était appuyé sur un bâti plus ancien, datée de 1675 ! »
Des peintures polychromes ont été mises au jour (©Laurent Rebours)
Une partie dédiée aux événementiels
Enfin, une dernière partie sera réservée à des événementiels comme des séminaires, des mariages… Une salle, extension du bâti existant, de 80 m2 va être aménagée à l’étage pour offrir de quoi danser tandis qu’au rez-de-chaussée une belle salle décorée toujours dans l’esprit Art déco sera réservée aux banquets avec cuisines à proximité.
A l’extérieur, le parc sera totalement aménagé des gîtes originaux sont au programme. L’idée étant que les invités puissent passer tranquillement une soirée dans un espace privatisé.
Cette grande salle servira pour les cours d’oenologie et les dégustations (©Laurent Rebours)
Enfin, au sous-sol, une belle cave voûtée permettra d’augmenter le volume de stockage l’amenant jusqu’à 160 m2 soit deux années de récolte potentielles.
Notre souhait est de ne négliger absolument aucun détail. Nous nous sommes basés sur le cahier des charges d’un Corton-Charlemagne ou d’un Montrachet en poussant jusqu’à dix-huit voire vingt-quatre mois d’élevage. A titre d’exemple, nous allons planter prochainement le sixième hectare sur le coteau, nous l’amenons à 12800 pieds/ha, il n’y a pas vingt vignobles en France qui sont comme ça. Autant dire que tout doit se faire à la main, et au cheval ! C’est de la haute couture. »
Toujours dans l’esprit Art déco, la partie événementielle sera doublée d’une extension vers le parc (©Laurent Rebours)
En terme de calendrier enfin, les chais doivent être terminés fin juin, la partie événementielle en octobre et, dès décembre la location des espaces pourra avoir lieu. Avec 75 associés à ce jour, l’opération est déjà une réussite aux yeux de Grégory Russel qui se réjouit de rassembler des scientifiques, des militaires, des agriculteurs, des spécialistes de la finance et du droit ou encore pas mal d’artisans et de commerçants.
C’est très révélateur de l’attrait de ces opérations autour d’un art de vivre à la française qui, de plus, va générer toute une activité économique autour en terme immobilier, de tourisme, etc. J’ai même un associé, cadre dirigeant d’une multinationale française qui a prévu de faire le prochain conseil d’administration ici. »
Au sous-sol une belle cave voûtée va permettre le stockage de tonneaux (©Laurent Rebours)