
Simone Menezes a fondé son premier orchestre à 20 ans. (©Fabiana Capela)
Simone Menezes, la maestra italo-brésilienne, a choisi la France, pays de l’égalité, pour lancer son orchestre de chambre : l’Ensemble K.
Un monde d’hommes
Elles sont une poignée, mais elles explosent de talent. Qui ? Mais la jeune génération de femmes cheffes d’orchestre qui a décidé de se faire une place au soleil dans un monde où les hommes dominent, et ce, depuis toujours. Elles sont moins de 5 % dans le monde à l’être, ce qui fait de ce métier le plus éloigné de la parité dont on parle tant dans tous les autres.
Rappelons que les premières femmes instrumentistes ont été recrutées à l’Orchestre Philharmonique de Vienne en 1977 tandis qu’elles faisaient leur entrée au Philharmonique de Berlin en 1982 (alors dirigé par Herbert Von Karajan). Boston avait déjà montré la voie en 1952. En France, selon les chiffres de la SACD, on comptait en 2016 21 femmes cheffes pour 586 hommes. Quant aux compositrices, c’est encore pire, puisqu’elles ne représentent que 1 % de la profession.
Pour réussir dans ce métier quand on est une femme, il faut de l’inventivité et un esprit d’entreprise doublé d’un talent musical irréprochable. Le 12 avril dernier, Simone Menezes terminait seconde au Prix Mawoma (Music and Women Maestra) à Vienne, 1er concours mondial itinérant consacré aux femmes cheffes d’orchestres et fondé par la pianiste Clémence Guerrand.
La musique n’a pas de genre. Mon devoir est de vivre passionnément la musique classique avec tous les publics », déclare Simone Menezes.
Pas facile donc pour une petite fille qui rêve de diriger un orchestre de réaliser son rêve, mais avec beaucoup de ténacité et de talent, c’est possible. Et Simone Menezes le prouve, malgré le machisme obscurantiste de certains chefs comme le russe Yuri Temirkanov qui n’hésite pas à dire que « l’essence de la profession de chef d’orchestre est la force et l’essence de la femme est la faiblesse ».
Un parcours stupéfiant
Née à Sao Paulo, au Brésil, Simone Menezes, qui déborde d’enthousiasme et d’énergie, sait ce qu’elle veut. À 20 ans, elle fonde son premier orchestre avec lequel elle décroche le premier prix du gouvernement Brésilien. Protégée de Paavo Järvi, qu’elle assiste régulièrement, elle gagne l’Europe en 2017 où elle est rapidement reconnue pour son talent et invitée par bon nombre d’orchestres prestigieux (Orchestre Philharmonique de Rotterdam, Orchestre National d’Ile-de-France, Orchestre National Symphonique du Brésil, Orchestre de Chambre de Lausanne, Orchestre Symphonique d’Osaka…).
Chacun son histoire
Installée depuis 2018 en métropole lilloise, elle a un projet qui lui tient à cœur : la création de l’Ensemble K, qu’elle souhaite pluridisciplinaire et cosmopolite. Les musiciens de l’Ensemble K sont français, belge, hollandais, brésilien, italien, roumain et espagnol. Chacun a son héritage et son histoire à partager à travers la musique. Cet ensemble à géométrie variable propose un répertoire autour des musiques du XXe siècle (Debussy, Copland, Villa-Lobos, Falla). En ligne de mire pour 2020 parmi pas mal de projets, Stravinsky et son Ragtime ainsi qu’une version de chambre de Petrouchka, dont l’adaptation sera confiée aux étudiants de l’atelier de composition de Vincent Paulet au Conservatoire de Lille.
Françoise Objois
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Infos pratiques :
Elle participera à la soirée ‘Invest’in Stories du 11 juin au Théâtre du Nord de 17 h 30 à 21 h 15. Elle y présentera à 20 h 30 l’Ensemble K et son projet de démocratisation de la musique classique. Informations complémentaires sur le site officiel d’Invest in stories.