
Les élèves de 1re S du lycée Jean Moulin, des Andelys, dans l’Eure, ont vécu une journée exceptionnelle sur la base aérienne 105 où ils ont rencontré André Biaux, ancien déporté. (©DR)
Dans le cadre du projet Mémoire et citoyenneté du lycée Jean Moulin des Andelys, dans l’Eure, et grâce à un financement de l’Office national des anciens combattants (ONAC), les élèves de 1re S se sont rendus dernièrement à la Base aérienne 105 d’Évreux.
Témoignage d’un déporté
Après l’accueil officiel et chaleureux du commandant de la base, le colonel David Desjardins, qui a pris soin d’expliquer aux élèves l’importance de la base aérienne dans notre système de défense, plusieurs temps forts attendaient les élèves.
D’abord, il y eut le témoignage d’André Biaux. Né en 1925, il est l’un des derniers survivants de la déportation dans l’Eure.
Il a raconté aux élèves son engagement dans la résistance à Évreux. De petites actions, il passa à la distribution de tracts de la presse clandestine et puis au rapatriement d’aviateurs alliés tombés en Normandie.
Moments périlleux de sa vie de jeune homme qui parfois l’amènent à avoir des sueurs froides, surtout quand, dans le train qui les emmènent à Paris, des aviateurs anglo-saxons et lui se retrouvent dans le même wagon que des Allemands.
Son engagement prend de l’ampleur au fil du temps quand en 1944, le réseau Vengeance est dénoncé. André est arrêté et envoyé au camp de Royallieu-Compiègne. De là il est envoyé au camp de Neuengamme où il vit l’enfer.
La répression, l’humiliation et la mort sont notre quotidien. Je finis par ne plus faire attention aux cadavres que je vois chaque jour.
La fin de la guerre arrive, André est amené avec des milliers d’autres déportés dans la baie de Lubeck. Cette cargaison singulière de milliers d’hommes est enfermée dans des bateaux qui stagnent sur les flots. La mort là aussi frappe et puis les bombardements font le reste.
André a la chance, comme il le dit, d’en sortir vivant. Il rentre chez lui très affaibli, ne pèsant que 36 kilos. Il n’oubliera jamais !
Les élèves, qui, depuis un an, construisent pas à pas leur parcours citoyen et de mémoire sont conscients de l’aspect exceptionnel de cette rencontre.
Découverte des avions Casa
L’après-midi, les lycées ont découvett les avions Casa de la base accompagnés d’un pilote et d’un mécanicien qui évoquent leur formation, leur participation à des opérations extérieures, les utilisations des avions de transport sur les théâtres de guerre.
La présence française au Mali a aussi abordée, ainsi que la volonté de la France de préserver une armée de professionnels, capable d’être projetée dans le monde entier.
Enfin, le groupe d’élèves a terminé son parcours au musée de la base où les bénévoles de l’association leur ont retracé l’historique de l’aviation à Evreux et de cette base qui fut française, allemande pendant la guerre de 39-45, américaine avec l’OTAN, puis à nouveau française.
Bien évidemment, les jeunes Andelysiens ont écouté avec une attention particulière le passé glorieux de l’Andelysien Marcel Lefèvre, pilote du Normandie-Niemen, mort le 5 juin 1944 à Moscou.
A l’heure où l’on parle d’un retour du service national universel – il sera expérimenté dans l’Eure en juin 2019 avec deux périodes de quinze jours à effectuer – cette journée a marqué les lycéens et a été très motivante de par la variété des découvertes proposées à ces citoyens en herbe.