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Pays de Sées. Deux héros sortis de l'oubli

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Adrien David, auteur des recherches, dans le champ où fut abattu le Mosquito

Adrien David, auteur des recherches, dans le champ où fut abattu le Mosquito

C’est un coin bucolique entre les arbres d’Ecouves et les blés ondulant.

Un chevreuil broute tranquillement l’herbe abondante.

Le Bambi sait-il qu’à cet endroit précis un avion s’est écrasé, au début de l’été 44, un mois après le Débarquement ?

75 ans plus tard

C’est à La Chapelle-près-Sées, à quelques mètres de la ferme de Mesnilgault.

Là où deux hommes ont trouvé la mort.

Deux hommes qui ont péri pour notre liberté, et dont les noms sont désormais gravés sur une stèle inaugurée le samedi 18 mai 2019.

On peut se demander pourquoi il a fallu attendre 75 ans pour les sortir de l’oubli.

On peut aussi saluer le travail d’Adrien David, un habitant de la commune.

« J’ai tiré toutes les sonnettes et je suis notamment allé voir les Anciens de la commune », confie celui qui est par ailleurs membre de l’ANSA, l’Association Normande du Souvenir Aérien.

50 minutes de vol

Et c’est ainsi qu’il a pu reconstituer le parcours de ces deux soldats.

Ils ont décollé le mardi 4 juillet 1944, de Lasham, une cité au sud d’une ville qui, une vingtaine d’années plus tard, allait se jumeler avec Alençon : Basingstoke.

Il était 23 h 20. Cinquante minutes plus tard et 300 km plus loin, l’avion s’écrasait à Mesnilgault. Sans doute abbatu par la Flak (la défense antiaérienne).

La ferme ? Celle de la famille Manoury qui avait alors un fils, prénommé Pierre, prisonnier outre-Rhin. Fils qui reprit ensuite l’exploitation.

Leur avion ? Un Mosquito, « premier avion furtif », en bois, contreplaqué, un biplace à bord duquel se trouvaient donc l’Australien Hector Ross, 23 ans, pilote de la Royal Air Australia Force, et l’Anglais Jack Green, 35 ans, navigateur de la Royal Air Force.

L’axe Caen-Tours visé

Sur 17 avions envoyés larguer des bombes en France pour combattre l’ennemi, deux ne reviendront pas.

Dont ce Mosquito pesant quatre tonnes, chargé de bombarder l’axe Caen-Tours : la voie ferrée et la route. « Aucun renfort ni soutien ne doivent parvenir à l’occupant ».

Très rapidement, des Allemands arrivèrent sur les lieux du crash. L’avion était éparpillé, les deux corps disloqués. Il se dit même qu’un soldat ennemi demanda une fourche pour transporter les morceaux des corps. Objet que le cultivateur refusa de fournir.

Monnaie et briquet

Les deux corps, sur lesquels les Allemands trouvèrent notamment 21 pièces de monnaie de deux pences et un briquet, furent déposés dans le pressoir, toujours visible, transformé en chapelle ardente.

L’avion transportait au moins deux bombes (de 225 kg chacune) qui furent désamorcées par les Allemands. « Peut-être en avait-il largué deux autres précédemment ».

À Bayeux

Le Mosquito, c’était aussi deux moteurs, quatre canons et quatre mitrailleuses. Qu’est devenue la ferraille ? Peut-être récupérée et revendue. De l’avion il ne reste rien : il était en bois, matériau parfois baptisé « casse-croûte à termites ».

Que sont devenus les corps ? Ils furent inhumés dans le cimetière communal, en présence d’un prêtre (et d’un aumônier allemand ?), avant d’être, dès avril 1945, transférés à Saint-Lô puis Bayeux où ils se reposent désormais.


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