
Empruntant aux codes des vide-greniers, Pascal Rome invite le public à évoluer dans une brocante nocturne où les artistes se mêlent aux véritables exposants (©Jean Freetz)
« Le grand débarras » est un spectacle particulier puisqu’il se déroule en marge d’un vrai vide-grenier…
On s’est amusé à dissimuler les codes du spectacle dans un vrai-faux vide-grenier. Pendant deux heures et demie, le spectateur va chiner, se balader, rencontrer. On collabore avec le Théâtre-Sénart qui a sollicité de vrais exposants. Ces derniers viennent déballer leurs affaires personnelles qui seront à vendre. À leur côté, une quinzaine de comédiens qui proposent des surprises, sans oublier buvette où il se raconte plein de choses. « Le grand débarras », c’est jouer à dénicher les bonnes affaires et à démêler le vrai du faux.
Une mise en scène qui dépoussière le genre !
Complètement et puis qui nous emmène ailleurs qu’au théâtre en en gardant les codes et les références. Il va y avoir une grosse part de confusion. Dans tous les spectacles d’OpUS, depuis 20 ans, il y a toujours ce glissement entre le vrai et le faux. J’aime bien travailler avec le réel. Même si on fait le tour du décor, il n’y a pas de réponse évidente.
Dans Office des phabricants d’univers singuliers (OpUS), « phabricant » avec « ph », ça vient d’où ?
Ça vient de mes racines de l’éducation nationale (rires). C’est une faute qui se remarque, qui ne change pas ce qu’on entend mais qui change ce qu’on voit. C’est une façon décalée de fabriquer. Un détournement du sens avec un clin d’œil à la pataphysique d’Alfred Jary.
« Les vide-greniers sont des musées de plein air où se bricolent des mémoires faites de vieux objets », êtes-vous d’accord avec cette citation d’Octave Debary ?
En effet ! Et l’auteur de ce texte sera là d’ailleurs. J’ai beaucoup aimé « La société des restes ». Je suis un passionné d’objets depuis très longtemps. La question qui est posée c’est : que fait-on de tous ces objets qui nous encombrent ?
Est-ce que, justement, la relation affective avec ces objets du passé, dans une société de consommation où la moindre défaillance les condamne à la benne, c’est vraiment décalé ?
Ce qu’on propose, c’est moins critique que ça. On propose un regard complice avec les objets. On a envie de s’amuser de cette relation. Les vide-greniers qu’on fréquente sont davantage des vide-greniers familiaux, même si on sait que les brocantes, c’est aussi un endroit où on peut côtoyer la misère parce qu’il y a des gens qui vendent par nécessité.
Il ne faut donc pas voir « Le grand débarras », comme un spectacle anti-capitalise ?
Si, on peut ! On peut y trouver une alternative économique. Le marché de l’occasion a cette valeur : les choses se répandent différemment, il n’y a pas le profit qu’on connaît. En même temps, on transforme l’état d’esprit d’un vide-grenier en une sorte de moment poétique, fraternel avec de l’espérance.
Peut-on dire que « Le grand débarras » est « La » bonne affaire de cette fin de saison ?
J’espère ! Mais il y aura d’autres belles affaires, à la fois au campement mais aussi lors de la prochaine programmation éclectique comme un beau stand de vide-grenier.
Propos recueillis par
Vanessa RELOUZAT
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