
Un Alençonnais de 38 ans a été condamné à 6 ans de prison ferme, mercredi 22 mai, après avoir asséné un coup de couteau dans le ventre d’un de ses amis lundi soir. (©L’Orne-Hebdo)
Un Alençonnais de 38 ans a été condamné à six ans de prison ferme pour violences aggravées par trois circonstances (alcoolisation, préméditation et usage d’une arme) et menace de mort, mercredi 22 mars à l’issue d’une comparution immédiate devant le tribunal correctionnel d’Alençon.
Deux jours plus tôt, lundi 20 mai, il avait poignardé, au ventre, un de ses amis avec lequel il avait passé la journée à boire.
« Il était arrivé tôt chez mon amie et elle s’en était plainte. Alors il m’a accompagné sur un rendez-vous au csapa (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, ndlr) pour que je mette en place une cure de désintoxication et on est revenu chez mon amie », a-t-il déclaré aux juges.
« Vous êtes parti en le menaçant de revenir le planter »
Après plusieurs canettes de bières fortement alcoolisées, il avait été sommé par la Police de quitter l’appartement de son amie. « Il y aurait eu une dispute entre vous et votre copain autour de 4 grammes de cannabis. Votre amie vous a demandé de partir mais finalement, elle a appelé la Police qui a retrouvé à son domicile, vers 20 h 45, deux hommes alcoolisés. Elle souhaitait que vous quittiez les lieux. Vous vous êtes énervé et êtes parti en menaçant votre ami de revenir le planter. Et dix minutes plus tard, vous êtes revenu et lui avez donné un coup de couteau dans le ventre », annonce le président du tribunal.
« J’ai reçu un sms de mon amie qui me demandait de revenir. Donc je suis revenu. Et je ne me souviens de rien jusqu’au moment où je me sens étranglé et que je vois ma main droite retirer la lame du ventre de mon ami. J’ai crié à ma copine d’appeler les secours et je suis redescendu de l’immeuble avec une bière. J’ai attendu la Police car je savais que j’avais fait une grosse connerie ».
La Police a, en effet, retrouvé le prévenu au pied de l’immeuble de la place Bonet à Alençon, un couteau-outil doté d’une lame de 8 cm à proximité. Il tenait des propos incohérents. Son alcoolémie, à 23 h 20, a été mesurée à 0,88 mg/l d’air expiré (1,76 g/l de sang). À 8 h 45, le lendemain, elle était de 0,18 mg/l d’air expiré (0,36 g/l de sang).
10 jours d’ITT pour la victime
Sa compagne a, comme le prévenu le lui avait demandé, alerté les secours. Rapidement sur les lieux, les pompiers ont transporté la victime à l’hôpital d’Alençon « où il a été opéré dans la nuit ». Il a écopé de dix jours d’Incapacité temporaire de travail (ITT).
Face aux policiers, le prévenu a reconnu son couteau. « Je ne sais pas pourquoi je l’avais sur moi. Il est toujours dans une pochette sous la télé », a-t-il déclaré. Il n’explique pas son geste :
« Ce n’est pas possible d’avoir fait cela. Je ne sais pas pourquoi on s’est disputé », a-t-il affirmé.
Face aux juges, dans le box des prévenus, le trentenaire pleure à la lecture des blessures de son ami.
Son casier judiciaire fait apparaître sept condamnations dont une pour les mêmes faits de violences aggravées. « Vous aviez menacé la mère de votre enfant avec un couteau et sous l’emprise de l’alcool. Et vous avez continué à boire depuis… », fait remarquer le président non sans souligner que le prévenu, bénéficiaire du RSA et à l’enfance difficile, « vit dans un univers marqué par la violence et l’alcool depuis longtemps ».
« Il a échappé de peu à la Cour d’Assises »
La substitut du procureur de la République relève que le prévenu « a échappé de peu à la Cour d’Assises. Car si les organes vitaux de la victime ne sont pas touchés, l’acte du prévenu est grave et sans l’intervention rapide des pompiers aurait pu être fatal à la victime ».
Elle rappelle que l’Alençonnais encourt 20 ans de prison « du fait des circonstances aggravantes et de la récidive » et annonce « une peine ferme pour éviter qu’il finisse par tuer quelqu’un ». Elle ajoute qu’il n’a pas répondu aux convocations du service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) dans le cadre de ses précédentes peines avec sursis et mise à l’épreuve « et ne se lance pas dans une démarche de soins ».
Elle requiert alors six ans de prison ferme ainsi que la révocation « de tout son sursis » et un mandat de dépôt.
Tentative de suicide en garde à vue
La défense du prévenu insiste sur son « enfance difficile », son état « dépressif qui l’a conduit à tenter de suicider en garde à vue », son alcoolisme et son addiction. « Pendant quatre ans, il n’a pas commis un seul acte délictuel ». Le conseil demande alors une requalification des faits en violences sans préméditation et plaide la relaxe pour les menaces de mort.
Après quarante minutes de délibération, le tribunal correctionnel d’Alençon a finalement condamné l’Alençonnais de 38 ans à six ans de prison ferme et à la révocation de ses trois mois de sursis-TIG. Il a été écroué à l’issue de l’audience. Les scellés ont été confisqués.