Les Gilets Jaunes 46 en compagnie de Jean Lassalle le 20 février 2019 à Paris.
« C’était un acte symbolique » expliquent deux porte-parole des Gilets Jaunes 46 qui ont fait partie d’une délégation de 8 Gilets Jaunes lotois montés à Paris. Ils se sont rendus à l’Assemblée Nationale mercredi 20 février 2019, périple à l’occasion duquel ils ont rencontré plusieurs députés. Ils leur ont remis leurs « Réflexions citoyennes pour un projet politique », condensé des revendications des Gilets Jaunes du Lot.
Revendications
Il ne s’agit pas d’un cahier de doléances à proprement parler, mais bien d’un recueil effectué par les Gilets Jaunes lors de leurs mobilisations sur le rond-point de l’Atrium de Cahors depuis le début du mois de décembre. Ce travail est le fruit de la collaboration d’une quarantaine de personnes entre celles qui ont noté les diverses doléances et retours de paroles des gens rencontrés ou croisés sur le rond-point, mais aussi celles qui ont rédigé, mis en forme… Au final, le document de 18 pages condense les réflexions et doléances autour de thèmes aussi variés que la gouvernance, l’éducation, la santé, la justice, la fiscalité, l’écologie, l’information et l’avenir des générations futures et a été formulé comme des propositions de lois.
Afin d’apporter de la crédibilité au document et d’assurer qu’une modification ne pourra en être faite a posteriori, il a été déposé auprès de deux personnes assermentées, un huissier de justice et un gendarme.
Périple à Paris
L’aventure a commencé lorsqu’un des Gilets Jaunes 46 contacte le député Jean Lassalle suite à sa présence dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale en gilet jaune afin de soutenir le mouvement. Ce dernier a donc envoyé 6 invitations aux Gilets Jaunes lotois afin qu’ils puissent venir voir l’Assemblée Nationale, de l’intérieur.
Les Gilets Jaunes 46 ont contacté le plus de députés de l’opposition possible afin de leur remettre le document « Réflexions citoyennes pour un projet politique ». Seuls les députés de la France Insoumise leur ont répondu, et ils ont passé plus d’une heure à échanger avec eux, notamment avec Éric Coquerel, Danièle Obono, François Ruffin et Caroline Fiat.
Les Gilets Juanes 46 avec Éric Coquerel et Danièle Obono, députés France Insoumise.
« Nous avons reçu un accueil très chaleureux des Insoumis, sur le parvis et à côté de l’Assemblée Nationale, expliquent les deux porte-paroles. C’est Caroline Fiat qui a ensuite remis en personne à Édouard Philippe le document le jeudi matin, le Premier ministre le lisant même devant elle ».
Au sein même de l’assemblée, « nous avons été choqués d’entendre Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, dire que les Gilets Jaunes étaient des antisémites. J’avais l’impression que c’était une vaste mascarade, ils ne sont pas à l’écoute des Français, ou tout du moins de leurs opposants » s’insurgent les porte-paroles.
Sur aucune liste pour les Européennes
Si l’entrevue entre Gilets Jaunes et députés, écharpe tricolore bien en vue, n’a pas manqué de provoquer des attroupements aux abords de l’Assemblée, l’ambiance est restée très cordiale, y compris de la part des forces de l’ordre venues disperser les foules. Ils ont ensuite pu rencontrer Jean Lassalle, auprès de qui ils ont également pu exprimer leurs revendications, notamment une concernant l’état d’abandon des sous-bois sauvages dans le Lot et les risques d’incendie.
Néanmoins, contrairement aux rumeurs qui ont été divulguées, aucun Gilet Jaune lotois ne rejoindra une éventuelle liste de Jean Lassalle pour les prochaines élections européennes. « Le mouvement des Gilets Jaunes ne peut pas être représenté pour des élections, on s’en défend » soulignent les porte-paroles.
Ils regrettent également la réaction du député du Lot Aurélien Pradié, à qui ils ont remis leur document de réflexions « mais qui n’en a rien fait. Il est normalement en première ligne, mais le député n’a pas donné de suite ».
La délégation des Gilets Jaunes de Cahors avec les députés François Ruffin et Caroline Fiat.
Objectif : maintenir leur ligne de conduite
Ces 24 heures de périple à Paris ont renforcé un peu plus les liens qui unissent les Gilets Jaunes lotois. Désormais, pour eux, l’objectif est de ne pas lâcher « et de rester sur notre ligne de conduite, pacifiste. La majorité d’entre nous ne veut pas bloquer, mais maintenir une visibilité et notre détermination, avec des actions pacifistes en cours de préparation. Nous voulons démontrer l’ineptie de cette société dans laquelle on vit ».
Afin de s’organiser, ils se réunissent chez les uns ou les autres, mais souhaiteraient pouvoir avoir un local disponible « qui s’appellerait La Maison Citoyenne. Un lieu où chacun, tous les Français, pourrait discuter et participer à la vie politique ».