
Cyril Vidalie, président de la cour d’assises entouré des juges Yves Ravallec à gauche et Vincent Ramette, à droite.
Premier jour de comparution devant la Cour d’assises du Lot, ce jeudi 6 juin 2019 à Cahors, pour David Amaral, accusé de viol et d’agression sexuelle en récidive, sur une mineure de moins de 15 ans. L’accusé encourt une peine de 20 ans d’emprisonnement.
Le 9 mai 2017, celle que nous appellerons Julie (le prénom a été changé), alors âgée de 13 ans, confie à quatre de ses amies de collège, à Puy-l’Évêque, des faits d’abus sexuels qu’elle subirait depuis l’âge de ses 9 ans, de la part de David Amaral, un ami de ses parents. Les faits se seraient produits à maintes reprises, notamment à trois endroits. Au moment où sa compagne était à la maternité à l’occasion de la naissance de leur troisième enfant, l’accusé aurait obtenu des parents de Julie, que celle-ci vienne à son domicile pour lui donner un coup de main. Les parents de Julie auraient à leur tour hébergé David Amaral, lorsque la compagne de ce dernier l’aurait mis à la porte en raison de son alcoolisation incessante. David Amaral, chez sa tante, aurait entraîné Julie dans une caravane. Il est établi que l’accusé aurait partagé la chambre de Julie, entre février 2017 et début avril 2017, puis entre fin avril 2017 jusqu’à début mai 2017.
Parce qu’il se disait malade ou pour protéger son frère ?
Deux versions ont été données par la victime, quant au fait que l’accusé partageait sa chambre de temps à autre. Aux enquêteurs, la jeune fille a indiqué que dans la mesure où David Amaral affirmait souffrir d’un cancer, il était convenu avec ses parents, qu’elle-même souhaitant devenir infirmière, allait le surveiller.
À l’audience de ce jour, Julie affirme qu’elle préférait que David Amaral dorme dans sa chambre, plutôt que de se retrouver dans celle de son petit frère, car elle avait peur que celui-ci subisse la même chose dont elle était victime. Maître Sophie Grolleau, avocate de l’accusé, s’étonne que les enfants n’aient pas été regroupés dans la même chambre de manière à laisser à David Amaral une pièce pour lui tout seul.
Trois semaines avant la révélation des faits, la mère de Julie apprenant que David Amaral avait déjà été condamné pour des faits d’abus sexuels sur mineures, interroge sa fille afin de savoir s’il l’avait touchée. Julie a alors répondu par la négative. La mère de Julie précisait par ailleurs aux militaires de la gendarmerie, qu’elle avait découvert dans l’historique de navigation de l’ordinateur de sa fille, des traces de recherche de sites pornographiques et de jeux de sexe. Ces recherches dataient de mars et juin 2016 et février et mars 2017. L’accusé nie avoir utilisé l’ordinateur de la victime. Pour sa part, Julie réfute tout autre usage de l’ordinateur en dehors du cadre de ses travaux scolaires.
Il nie les accusations et admet deux rapports sexuels consentis
Lors de sa première audition filmée, intervenue le 10 juin 2017, soit le lendemain du signalement des faits dénoncés à la gendarmerie de Puy-l’Évêque, Julie précise aux enquêteurs, ce qu’elle dit à nouveau à l’audience, « que les abus sexuels auraient débuté vers l’âge de 9 ans ». Elle répète ce qu’elle a déjà plusieurs fois déclaré, à savoir, que David Amaral l’embrassait sur la bouche et lui caressait les parties intimes, sa poitrine et son sexe, par-dessus et par-dessous les vêtements, qu’elle le repoussait, mais qu’il insistait… Elle maintient également que l’accusé lui montrait des vidéos sur son téléphone, qu’elle ne voulait pas voir. Quant à lui, l’accusé assure que cela n’est pas possible car à cette époque-là, il ne disposait que d’un vieux téléphone mobile à clapet. « C’est faux ! » déclare la jeune fille.
Ce serait dans la caravane, chez sa tante, que David Amaral lui aurait mis son sexe dans le sien pour la première fois. L’accusé nie mordicus ces allégations, indiquant qu’il n’y avait pas de rideau dans la caravane et que cela n’aurait pas été possible. La jeune fille évoque plusieurs pénétrations et sodomies, sans toutefois être en mesure de donner un nombre précis.
Selon le rapporteur des examens gynécologiques, il est possible que Julie ait pu subir une ou plusieurs pénétrations, digitale ou pénienne. Au demeurant, les analyses ADN ont révélé des traces de sperme de David Amaral sur un pantalon, une housse de matelas et une couverture appartenant à Julie.
Son ancienne compagne l’aurait quitté à cause de l’alcool
L’ancienne compagne de David Amaral explique s’être séparée de lui, à la fois en raison de son addiction à l’alcool et parce qu’elle avait appris qu’il avait été condamné suite à des attouchements sur sa fille aînée issue d’une précédente relation et sur la fille d’un ami. Par jugement du tribunal correctionnel de Cahors, en date du 30 juin 2016, David Amaral, en dépit de ses dénégations, a été condamné pour une double agression sexuelle ; sur sa fille aînée âgée de 10 ans au moment des faits et sur une autre jeune fille, également âgée de moins de 15 ans. Il écopait alors d’une peine de 15 mois d’emprisonnement assortie d’un suivi socio-judiciaire de trois ans. David Amaral nie à nouveau avoir commis les faits dont il est accusé. Dans la salle d’audience, au premier rang, Julie caresse LOL (voir encadré), lui permettant de contenir son émotion.
Vendredi 7 juin 2019, place à l’avocat de la partie civile, maître Laurent Belou, au nom de la victime et de ses parents. Viendra ensuite le réquisitoire de l’avocat général Mme Cécile Lasfargues, suivi de la plaidoirie de maître Sophie Grolleau, avocat de la défense.
JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

Alexia Mesthé, juriste auprès de l’Association Lotoise Aide Aux Victimes, en compagnie de Lol, le premier chien d’assistance judiciaire en France. ©Jean-Claude Bonnemère
Première intervention du premier chien d’assistance judiciaire en France
Premier chien d’assistance judiciaire en France, LOL, le labrador éduqué par l’association Handi’chiens et placé sous la houlette des sapeurs-pompiers du Lot est intervenu tout au long de l’audience de cette première journée de cour d’assises. Aux côtés de Julie, la victime, LOL apportait paix et sérénité. Lors de ses déclarations à la barre, Julie se cramponnait à la laisse du chien assis à ses côtés, facilitant la libération de sa parole.