
Le MRIdian, inauguré en grandes pompes, va permettre à 200 patients de profiter d’une radiothérapie plus efficiente (©ecomnews)
L’Institut du Cancer -ICM- de Montpellier a inauguré vendredi un équipement de pointe, le « MRIdian® Linac » conçu dans la Silicon Valley par la société américaine ViewRay.
La particularité de cette technologie est d’intégrer dans une même machine l’imagerie (IRM) et la radiothérapie pour obtenir le premier système de guidage par IRM pour la radiothérapie, une innovation qui révolutionne la qualité des soins.
« Cet technologie rendue accessible par cet appareil permet en effet aux médecins de pratiquer des irradiations très ciblées sur les tumeurs et donc de mieux protéger les tissus et les organes sains voisins », explique le Pr Marc Ychou, directeur de l’ICM.
Cibler la tumeur sans toucher les tissus sains
L’établissement montpelliérain, un des premiers à avoir choisi de s’équiper de cet appareil -avec Marseille attend de fait une nette amélioration de la qualité des soins.
« Au cours des séances de radiothérapie classiques, des changements se produisent sur la tumeur ou les tissus proches, sans oublier que les organes bougent, précise le Pr Azria, directeur scientifique de l’ICM, Grâce à la visualisation en temps réel, nous allons pouvoir suivre ces mouvements pendant le traitement, nous adapter et délivrer ainsi les rayons avec une extrême précision ».

L’appareil développé dans la Silicon Valley a demandé près de 9 M€ d’investissement (Métropolitain)
200 patients soignés chaque année
« Le MRIdian s’avère particulièrement efficace pour les cancers du foie et du pancréas, ainsi que pour certains cancers du col de l’utérus et les récidives de cancer de la prostate », ajoute le Pr Azria.
Dix à douze patients seront traités par jour, à partir du mois de septembre, soit environ 200 patients par an. « Ce nouvel équipement représente une arme supplémentaire dans la lutte contre le cancer, à l’instar de la chirurgie robotique et de l’immunothérapie », enchaîne Marc Ychou.
Très heureux de proposer des traitements porteurs d’espoir
Le directeur considère que l’ICM fait un pas de plus dans son choix d’une médecine humaniste : « Nous sommes fiers de cette nouvelle innovation en radiothérapie et surtout très heureux de proposer à nos patients des traitements de plus en plus performants et porteurs d’espoir ».
Un équipement de 8,9 M€
Il a fallu un gros effort financier pour faire venir le MRIdian à Montpellier. Cet équipement a coûté 8,9 M€ et a surtout bénéficié d’un véritable financement collectif. « Tout le monde a joué le jeu », s’est félicité vendredi Pierre Pouëssel, le préfet de l’Hérault, détaillant la participation de chacun. En commençant par le financement Etat-Métropole de Montpellier dans le cadre du programme d’investissement pour l’innovation « Montpellier Capital Santé », soit 2,52 M€ de l’État et 1,05 M€ de la métropole de Montpellier.

Pour accueillir le MRIdina, l’ICM a construit un site dédié (©métropolitain)
Financement : Tout le monde a joué lé jeu
La Région Occitanie est également venue abonder le tour de table (1,05 M€) ainsi que le conseil départemental de l’Hérault (1,5 M€) : « Je tiens à souligner l’effort du Département, car cet effort n’entre pas dans ses obligations », soulignait le préfet. « Enfin, l’ICM a complété le financement sur ses fonds propres pour, notamment, réaliser les travaux nécessaires pour accueillir l’appareil qui a nécessité la construction d’un site dédié ».
L’Intelligence artificielle en ligne de mire
L’ICM a profité de l’inauguration du MRIdian pour revenir sur un projet d’Intelligence artificielle, Suni-ART, lié à la radiothérapie. « Nous devons développer un algorithme permettant d’automatiser le tracking (ou système de guidage par imagerie) de la tumeur, grâce à la modélisation informatique des images issues du traitement des patients », explique Marc Ychou.
Pour l’ICM, le Pr David Azria travaillera en collaboration avec le Pr Benoît Gallix, professeur associé à l’Université McGill à Montréal et Directeur de l’Institut Hospitalo-Universitaire de Strasbourg.
Ils s’appuieront sur le SIRIC Montpellier Cancer (l’un des 8 centres nationaux de recherche sur le cancer labellisés par l’Etat) et sur les travaux de l’équipe de radiobiologie (INSERM U1194 IRCM) évaluant les effets radiobiologiques de la radiothérapie et développant la recherche de marqueurs de toxicités radio-induites des tissus sains.
Ce projet d’avenir, « une première mondiale » selon l’ICM, fédérera médecins, chercheurs et industriels et permettra la mise en synergie des questions de santé avec les sciences « dures » et technologiques.
L’enjeu est de taille : « placer Montpellier parmi les acteurs incontournables de l’Intelligence Artificielle sur l’échiquier international », confirment Marc Ychou et David Azria.