
Sandrine Bonnaire est presque chez elle à Cabourg, où elle fréquente le festival du film depuis de nombreuses années. (©Dominique Saint)
Quel souvenir gardez-vous de votre tout premier festival de Cabourg ?
C’était en 2001. J’avais reçu le Swann d’or de l’actrice pour Mademoiselle de Philippe Lioret. J’avais été marquée par le côté très sympathique et convivial de l’équipe qui organisait ce festival. C’est là que j’ai rencontré Suzel Pietri (la directrice artistique du festival de Cabourg, NDLR) qui donnait déjà du cœur et de la conviction pour ce festival. Je l’ai croisée plusieurs fois dans ma vie. Aujourd’hui, nous sommes amies.
Êtes-vous toujours présidente d’honneur du festival aux côtés d’Emmanuelle Béart et de Guillaume Laurant ?
Oui, c’est une présidence qui tourne tous les trois ans. Cela permet de savoir ce qui se passe, comment ça s’organise, ce qu’on doit modifier, les financements qu’il faut trouver, etc. Actuellement, c’est Guillaume Laurant qui est président. Ensuite, Emmanuelle (Béart) devrait suivre.
On célèbre cette année la 33e édition du festival. Quels sont les facteurs de sa longévité, selon vous ?
C’est un festival qui présente de bons films. Cela mélange des films français sortis dans l’année qui sont récompensés par un Swann et d’autres inédits et internationaux que le jury voit. C’est sympathique. Le festival n’a pas beaucoup de moyens, mais il fait venir des acteurs français. Cela permet de mettre à l’honneur à la fois le cinéma français et le cinéma international. À une époque, il y avait aussi une section européenne.
De plus en plus de personnes veulent venir au festival
En quoi le festival a-t-il évolué au fil des ans, selon vous ?
De plus en plus de personnes veulent y venir que ce soient les spectateurs, les comédiens et les réalisateurs, la presse. Au niveau de la France, ce festival prend de plus en plus d’ampleur ! Et puis cela dépasse la ville de Cabourg, car il y a des projections organisées à Houlgate, à Dives…
Vous êtes présidente du jury des longs-métrages cette année, connaissiez-vous les membres du jury ?
J’en connaissais certains. J’ai rencontré Oury Milshtein comme producteur sur Sans Toit ni loi d’Agnès Varda (1985). J’ai travaillé avec le fils d’Éric Demarsan. J’ai tourné avec Alice Pol dans Joueuse de Caroline Bottaro (2009) ? Je connais Nedra Ayadi avec qui j’ai fait Ce soir-là qui sera diffusé sur France 2 le 26 juin. Et j’ai un projet de film avec Vincent Pérez et Aurélien Recoing, mais pour l’instant c’est en stand-by.
En tant que présidente du jury, avez-vous une technique pour réussir à instaurer une cohésion de groupe ?
Le rôle du président de jury, c’est surtout de faire en sorte que les choses se passent bien, que les gens puissent s’exprimer et que ce soit ordonné. En l’espèce, je n’ai pas d’inquiétude, le jury est très discipliné. Tout le monde est respectueux les uns des autres. Après, le principe est que la majorité l’emporte. Nous avons fait un petit débriefing aujourd’hui (jeudi) et nous sommes assez d’accord sur ce que nous aimons, ce que nous aimons moins et ce que nous n’aimons pas du tout. Il y a des films très différents dont certains auxquels nous sommes plus sensibles qu’à d’autres.
Les films de Cassavetes sont magnifique
Parlons des films que vous aimez plus que tout. Lesquels figurent dans votre panthéon personnel de tous les temps ?
Je citerais Ordet (1955) de Dreyer qui m’a bouleversée, La Femme d’à côté (1981) de Truffaut, Breaking the waves (1996) de Lars Von Trier. Les films de Cassavetes sont magnifiques aussi…
Parmi votre longue filmographie, quels films pourraient être qualifiés de romantiques, selon vous ?
Je dirais Mademoiselle (2001) de Philippe Lioret, Est-Ouest (1999) de Régis Wargnier, C’est la vie (2001) de Jean-Pierre Améris, Joueuse (2009) de Caroline Bottaro…
Et parmi les films que vous avez tournés avec Maurice Pialat ?
À nos amours (1983) même si c’est chahuté. Pour moi le romantisme, c’est lorsque ça parle d’amour, que cela se passe bien ou, au contraire, que cela se passe mal.
Le festival de Cabourg permet de révéler de nouveaux talents. Y a-t-il une actrice peu connue du grand public qui vous a particulièrement impressionné dernièrement ?
Noémie Merlan. je ne l’ai pas encore vue dans Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. Je le verrai samedi au festival.
Vous jouez dans le téléfilm Ce soir-là de Marion Laine que l’on découvrira sur France 2 le 26 juin. Cela évoque l’attentat du Bataclan. Souvenez-vous où vous vous trouviez quand vous avez appris la nouvelle de ce terrible événement ?
J’étais en Bretagne dans un festival avec Jacques Higelin.
L’émotion que vous avez ressentie à ce moment-là vous a-t-elle servi pour jouer votre personnage dans le film ?
Quand on aborde ce genre de sujets, ce n’est plus une histoire d’acteur. C’est un acte citoyen. Je l’ai fait en me disant que c’était un film sur la solidarité. C’est une forme de respect et de témoignage sur les gens qui se sont entraidés. On voit bien que dans les situations extrêmement difficiles, l’homme n’est pas si mauvais. Les gens se soutiennent. Le film parle de ça à travers une femme et un homme qui vont tendre la main à ceux qui en ont besoin.