
Mathieu Legendre a adapté le journal de son arrière-grand-oncle (©Le Réveil de Neufchâtel )
Mathieu Legendre est l’arrière petit neveu de Camille Tabouret, charcutier à Formerie (Oise). Il vient de publier une adaptation du journal que son ancêtre brancardier a écrit au jour le jour pendant la Première guerre mondiale.
Pourquoi avez-vous écrit un livre sur votre arrière-grand-oncle Camille Tabouret ?
Plus jeune, j’ai lu des ouvrages comme A l’Ouest rien de nouveau, Les mémoires du sergent Bourgogne ou encore Les cahiers du capitaine Coignet. Un livre que Maurice, le fils de Camille, qui a été buraliste à Neufchâtel-en-Bray (Oise), m’avait fait découvrir. En 2015, j’ai découvert le journal original de Camille. Toutefois, le style du journal militaire peut être assez brut et ne donne pas tout le temps envie d’avancer, surtout lorsqu’il faut déchiffrer une écriture manuscrite du début du siècle dernier.
Qu’est-ce qui vous a intéressé ?
Le 72e régiment d’infanterie, dont Camille faisait partie, n’est pas resté quatre ans au même emplacement. Il a occupé des tranchées en Argonne, dans la Somme, au Chemin des Dames, dans les Vosges et a même voyagé en Algérie ! Ce côté Odyssée m’intéressait vraiment. J’ai essayé de le mettre en valeur pour que le lecteur vive avec Camille sur le front et voyage également avec lui. J’ai donc pris la décision de transformer son carnet en un récit plus vivant, plus moderne pour pouvoir le partager avec ma famille et le public, rendant cette histoire émouvante et accessible à tous.
Pensez-vous que votre récit va aider à mieux comprendre ce conflit à travers le journal d’un brancardier ?
Ce récit donne une vue différente du conflit de celle que nous apprenons à l’école. Il ne s’agit pas d’une version officielle édulcorée mais d’un récit personnel reprenant les opinions parfois critiques des soldats à l’égard de leur commandement. Il nous plonge dans des conditions de vie inhumaines et l’on y découvre l’horreur des combats, des morts et les souffrances endurées par ces hommes. Si l’on ne comprend pas forcément mieux les raisons de ce conflit qui a décimé une génération des deux côtés du Rhin, cet ouvrage nous aide surtout à imaginer ce que ces hommes, qui ont donné leur jeunesse et parfois leur vie, ont vécu. Nous comprenons ainsi pourquoi la paix est indispensable.