
Deux aides à domicile comparaissaient jeudi 28 février 2019, devant le tribunal de Saint-Malo, pour abus frauduleux de l’ignorance ou la faiblesse d’une personne. En un an et demi, c’est près de 80 000 € qui ont été dérobés à un homme âgé. (© Le Pays Malouin)
Deux aides à domicile comparaissaient jeudi 28 février 2019, devant le tribunal de Saint-Malo, pour abus frauduleux de l’ignorance ou la faiblesse d’une personne. Elles sont accusées d’avoir dérobé, en un an et demi, près de 80 000 € à un homme âgé.
« Je ne regrette rien de ce qui s’est passé et de ce que j’ai fait pour eux. »
A la barre, l’une des anciennes aides à domicile le jure : elle n’a pas délibérément mal agi.
Un « pillage en règle »
Pourtant, entre février 2016 et juillet 2017, le compte en banque d’un vieux monsieur de 84 ans a perdu des sommes « astronomiques ». Les prévenues s’occupaient de lui et de sa compagne à leur domicile situé Intra-Muros.
« L’argent a fondu ! C’est un pillage en règle » s’épouvante le procureur de la République.
De 32 000 € à 243 € en un rien de temps
Et effectivement, les sommes disparues donnent le tournis : il y a d’abord des chèques encaissés avec une bénéficiaire principale, pour un montant de 34 000 €. Et il y a également des retraits d’espèces, 46 700 € cette fois.
Au total, près de 80 000 € soustraits à ce monsieur affaibli, presque sourd, et qui ne sortait plus. C’est la petite fille qui, ayant obtenu procuration sur le compte, s’est aperçu des débits exorbitants. De 32 000 €, le compte bancaire est passé en un rien de temps à 243 €. Des retraits qui pouvaient aller jusqu’à 5 000 € par mois.
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Elles gardaient la monnaie
À la barre du tribunal, les deux femmes manquent de précisions, et c’est bien là le problème. Embauchées à l’oral, sans contrat de travail ni carnets ni comptabilité, elles disent avoir été payées tantôt en liquide, tantôt en chèques, sans aucune trace écrite. Elles faisaient des courses, pour 300 € par semaine dans les commerces Intra-Muros assurent-elles, et « gardaient la monnaie. »
Me Jeannesson qui défend l’une d’entre elles assure la bonne foi de sa cliente :
« Pour ce vieux monsieur, c’était des dons, et il était heureux d’agir de la sorte. C’est vrai qu’elle n’aurait pas dû accepter. »
Disponible H24
« Au niveau du droit du travail, c’est du n’importe quoi » reconnaît Me Helouvry, l’avocate de la seconde.
Mais sa cliente travaillait beaucoup et elle l’affirme : tous les intervenants, infirmiers, kinésithérapeutes, qui disent ne l’avoir jamais vue ont tous échangé avec elle. Un énorme paquet de feuilles relate de SMS en grand nombre : l’avocate parle d’« esclavage ».
« D’accord, ça ne justifie pas les sommes, mais quand elle vous dit qu’elle était disponible H24, c’est bien réel. »
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Une relation au-delà du cadre professionnel d’après les deux femmes.
« Auriez-vous autant investi la relation s’ils avaient été des indigents ? » questionne le procureur.
La réponse est affirmative et une des deux femmes fond en larmes, bouleversée de n’avoir pas été prévenue du décès du monsieur il y a quelques mois.
18 mois et 6 mois avec sursis
Déclarées coupables, elles ont été respectivement condamnées à 18 mois et 6 mois de prison avec sursis. Et elles devront rembourser l’argent dérobé.
De notre correspondante au tribunal Sophie Le Noën