
ERQUY. Patrick Macé, à gauche, a dirigé les criées du département pendant 42 ans. À droite, Gurvan Rolland, 43 ans, son successeur.
Pendant 40 ans, Patrick Macé s’est levé aux aurores. Pour être le premier à la criée au moment où les pêcheurs débarqueraient leurs produits. « Depuis quelques années, j’ai décidé d’arrêter, raconte Patrick Macé, directeur des criées de Côtes-d’Armor (Erquy et Saint-Quay-Portrieux). Comme je savais que tôt ou tard, il faudrait passer la main, je voulais que les pêcheurs prennent l’habitude de s’adresser à mes collègues. Même si je suis encore au courant de tout ! »
Patrick Macé, 64 ans, est arrivé à la criée d’Erquy, en 1977, un peu par hasard après son service militaire : « ça me semblait amusant de conduire des engins mécaniques sur le port ». Puis il est rapidement nommé directeur de la criée réginéenne, avant de se voir ajouter la charge de Saint-Quay-Portrieux. Il va laisser sa place à Gurvan Rolland début mai.
Erquy et Saint-Quay-Portrieux sur la carte
En 42 ans, Patrick Macé a fait mieux que placer Erquy et Saint-Quay sur la carte des criées françaises. « Le port s’est diversifié, il y a beaucoup plus de poissons qu’avant. Cela a même dépassé récemment la coquille Saint-Jacques en tonnage », explique le directeur.
Depuis 1977, la pêche a bien changé. « Quand j’ai commencé, il n’était pas rare qu’il y ait 500 ou 600 personnes à la criée quand on devait vendre les coquilles. Je ne vous raconte pas l’ambiance », se souvient Patrick Macé.
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« Entre le marteau et l’enclume »
Forcément, il a pu y avoir des coups de sang entre les pêcheurs et les mareyeurs.
Et nous à la criée, on est entre le marteau et l’enclume. Mais en cas de problèmes, « on réglait toujours ça, parfois autour d’un verre. En tout cas, le lendemain, c’était sans rancune. »
Aujourd’hui, les engueulades ont toujours cours, mais le monde n’afflue plus à la criée. « Tout est informatisé. C’est bien parce qu’on vend mieux et plus vite, indique Patrick Macé. 80 % des achats se font à distance. Même si parfois, on ne connaît pas les acheteurs. »
Il garde un pied dans la criée
Pour conserver un pied sur le quai, le directeur gardera un mandat de conseil de la CCI auprès de son successeur. Il incite d’ailleurs ce dernier à la pondération :
« Il faut être raisonnable. Si dans dix ou vingt ans, le tonnage reste dans les mêmes eaux qu’aujourd’hui, ça signifiera que les criées des Côtes-d’Armor fonctionnent bien. »
Pierre Boissonnat
Erquy 4e et Saint-Quay 5e criées françaises
Actuellement, plus de 1 000 personnes travaillent autour des criées du département qui comptent une flotte de 220 navires côtiers et de 23 hauturiers. Avec 11 713 tonnes pour Erquy et 10 345 tonnes pour Saint-Quay en 2018, les deux ports se hissent respectivement au 4e et 5e rang des 35 criées de l’Hexagone. « C’est remarquable qu’on a réussi à faire doubler notre tonnage », affirme Patrick Macé. Les criées des Côtes-d’Armor cumulent le plus gros tonnage de France.