Karl Olive, le maire de Poissy, lors de son discours à l’égard de Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics, mardi 5 mars. (©Le Courrier des Yvelines / Florian Dacheux)
C’est sur les coups de 20 h que Gérald Darmanin s’est présenté, mardi 5 mars, au restaurant Le Gamin de Poissy, à Poissy (Yvelines) où une trentaine de membres de l’association Génération Terrain l’attendait pour échanger avec lui.
Accueilli en ami par Karl Olive, le maire de Poissy, le ministre de l’Action et des Comptes publics ne venait pas tout à fait en terre inconnue.
Quelques visages lui étaient familiers, dix ans après son dernier passage dans la cité Saint-Louis, du temps où il était le directeur de campagne de David Douillet dont il a été chef et directeur de cabinet au ministère des Sports.
C’est donc autour d’un dîner que Gérald Darmanin a répondu aux questions des membres de Génération Terrain, une association composée d’élus locaux qui prônent la politique dite de proximité. Collectivités locales et mesures fiscales étaient au menu.
« On ne peut pas remettre de l’argent indéfiniment »
Après avoir salué « l’exploit » du ministre d’avoir fait passer la réforme du prélèvement à la source tout en répondant « aux inquiétudes des Français par le dialogue et la pédagogie », Karl Olive a lancé les premiers échanges sur les inquiétudes des siens sur la baisse de la dotation globale de fonctionnement (DGF) ou encore la hausse de la péréquation.
Le ministre répondra à cette première question pendant près d’une demi-heure.
« Une députée socialiste a essayé par deux fois de réformer la DGF et, par deux fois, elle a eu de ses propres camarades un refus, affirme Gérald Darmanin. Car, évidemment, si vous refaites un système, il y aura des gagnants et des perdants. Il ne vous aura pas échappé que notre pays est en grand déficit depuis 40 ans. On ne peut pas remettre de l’argent indéfiniment. J’aimerais être le ministre des Comptes publics de l’Allemagne car son problème, ce sont les excédents budgétaires ».
Il poursuit :
« Les besoins sociaux dans les communes riches ne sont pas les mêmes que dans les communes pauvres. Dans les Yvelines, vous n’avez pas les mêmes difficultés que la ruralité profonde ou la montagne. Il faut qu’il y ait une solidarité avec les territoires et il faut que l’Association des maires de France accepte cette idée de revoir les règles du jeu ».
Et d’ajouter :
« Le gouvernement est prêt à simplifier un certain nombre de dispositions complexes qui découragent les élus. Par exemple, la taxe professionnelle qui a découragé la création d’emploi sur les territoires. Il ne faut pas qu’on fasse la même erreur sur la taxe d’habitation pour décourager les maires de construire. En même temps, il faut dire qu’il y a des communes plus riches que d’autres. Faut-il garder tous ces échelons : commune, intercommunalité, département, région ? C’est une question qui ne se pose pas de la même façon dans la Creuse ou dans les Yvelines. Il faut accepter la république différenciée ».
Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics, a échangé pendant plus d’une heure avec les membres de Génération Terrain. (©Le Courrier des Yvelines / Florian Dacheux)
Après des échanges sur la question de la mobilité et de la rémunération au mérite des fonctionnaires, le débat s’est poursuivi sur la fiscalité.
« Le débat sur la fiscalité passionne les Français mais personne ne parle de la dépense, déclare le ministre. Qu’ont fait les Allemands ? Des réformes qui touchent les collectivités locales. Il n’ y a pas plus décentralisée qu’une collectivité allemande avec des compétences prononcées. L’Allemagne a évité l’inflation de l’impôt sur les collectivités locales et le système de sécurité sociale. Elle a réalisé une réforme des retraites il y a dix ans et une augmentation de la CSG pour les personnes âgées ».
Le ministre a ensuite affirmé que « la sortie du Grand Débat national ira dans le sens du renforcement de l’échelon du maire et du conseiller départemental ».
« Nous n’avons pas supprimé l’impôt sur la fortune »
Avant de préciser un point sur la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF):
Nous n’avons pas supprimé l’impôt sur la fortune mais sur le capital, et nous avons gardé un impôt sur l’immobilier. On évaluera cela d’ici l’année prochaine pour savoir si l’argent est vraiment allé dans les PME ».
Alors qu’il a remis au ministre l’ensemble des contributions des habitants et des membres de Génération Terrain, Karl Olive a par ailleurs estimé qu’ « une pédagogie doit être faite sur un certain nombre de mesures dont on a le sentiment qu’elles ont été mal comprises car parfois brutales ».
Le maire de Poissy faisait notamment référence à la disparition des emplois aidés.
Gérald Darmanin s’était donné jusqu’à 21 h 30 pour ce rendez-vous pisciacais.
Le moelleux au chocolat à peine digéré, le ministre lâche alors une dernière confidence avant de rejoindre sa voiture :
Si Karl se représente, et mon petit doigt me dit que ça l’intéresserait de continuer encore des projets dans sa ville, je le soutiendrai personnellement. La rencontre en décembre avec le président de la République a été très marquante, des deux côtés. Ce débat s’est fait en bonne intelligence, je repars avec les contributions et je suis prêt à les recevoir au ministère d’ici quelques mois ou à revenir ».
Florian Dacheux