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[Critique ciné] Grâce à Dieu, sans confessions ni concessions

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Grâce à Dieu, de François Ozon, évoque le combat des victimes d'un prêtre pédophile de la région lyonnaise

Grâce à Dieu, de François Ozon, évoque le combat des victimes d’un prêtre pédophile de la région lyonnaise (©Mars Film)

Le film

Le film et son actualité brûlante n’ont pas manqué de faire la polémique quelques jours avant sa sortie. Grâce à Dieu, le 18e long-métrage de François Ozon, évoque le combat des victimes du prêtre Bernard Preynat, accusé de pédophilie, dont le procès n’a pas encore eu lieu (il a été mis en examen en 2016). Il parle également de ce qui est devenu l’affaire Barbarin : ces victimes ont également poursuivi ce cardinal du diocèse de Lyon pour obtenir réparation face au silence de l’Eglise sur leurs accusations. Un référé avait donc été déposé en justice pour reporter la sortie du film.

La justice a donné raison au réalisateur et Grâce à Dieu a pu sortir en février dernier. Quelques semaines auparavant, le film réunissant entre autres Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud avait obtenu le Grand Prix du Jury au festival de Berlin, la Berlinale.

 

La critique

Un temps, François Ozon a imaginé réaliser un documentaire sur ces hommes victimes d’un prêtre pédophile et leur combat, qui a donné naissance à l’association La Parole Libérée. Finalement, l’auteur de fictions qu’il est a pris le dessus, même si ce nouveau film ne s’en cache pas et s’inspire très largement des faits rapportés. Les témoignages des victimes, les scènes médiatiques retranscrites au mot près (et notamment le fameux Grâce à Dieu malheureux lancé par le cardinal Barbarin, qui donne son titre au film), les noms des protagonistes… Tout y est.

Cela a pu prêter à polémiques… Mais elles restent en dehors des salles obscures. Le cinéaste ne cherche pas la provocation avec Grâce à Dieu : il filme l’humain, sa douleur et son besoin de reconnaissance. La violence est autant dans les actes d’agression sexuelle laissés hors champ que dans la réaction hallucinée de l’Église, aveugle et maladroite face à ses victimes.

Surtout, François Ozon sort de l’écueil du film documentaire avec une narration centrée sur l’humain, les protagonistes et ce qu’ils ont, individuellement, apporté à leur association : d’abord Alexandre Dussot-Herez (Melvil Poupaud), le premier à porter plainte contre le père Preynat et l’Église, puis François Debord (Denis Ménochet) et Emmanuel Thomassin, le seul dont les faits ne sont pas prescrits (Swann Arlaud). Cette narration en cascade, audacieuse, montrent trois protagonistes aux univers sociaux différents, unis par un combat commun contre une hypocrisie qui ne regarde pas ses victimes : celle du silence de la hiérarchie de l’Église.

Documenté, magnifiquement incarné jusque dans ses seconds rôles, Grâce à Dieu est un film éclairant, engagé, émouvant et juste. Jusque dans sa conclusion, où François Ozon décrit avec brio l’incertitude de ses personnages, meurtris et fatigués, mais unis. Grâce à Dieu.

 

Retrouvez la bande-annonce de Grâce à Dieu

 

Grâce à Dieu, de François Ozon, avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud. Actuellement en salles. ****


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