
Un détenu de 42 ans a été condamné à deux ans de prison pour outrages, violences et menaces de mort sur du personnel pénitentiaire et apologie publique d’un acte de terrorisme. (©L’Orne-Hebdo)
Un détenu de 42 ans a été condamné, ce vendredi 29 mars par le tribunal correctionnel d’Alençon, à deux ans de prison ferme pour outrages, menaces de mort et violences commises à l’endroit de cinq surveillants et d’un agent administratif et pour apologie publique d’un acte de terrorisme.
Lire aussi : Attaque terroriste à la prison d’Alençon. Le détenu voulait « venger » l’auteur des attentats de Strasbourg
Mardi 26 mars, alors qu’il avait été placé au quartier disciplinaire, il a refusé de manifester le moindre mouvement à l’heure du réveil, vers 7 h 30. Il a alors menacé un agent et sa famille. Des propos réitérés auprès du médecin qui est venu l’ausculter puisqu’il avait annoncer faire une grève de la faim pour obtenir son transfert dans une autre prison.
Un manche de brosse à dents taillé en pointe dans la cellule
A midi, ce 26 mars, il a tenté de brûler un papier avec l’allume cigare de la cellule.
A 13 h 25, alors qu’une agent administratif venait lui faire signer un document, le détenu a menacé « de crever un œil au premier qui rentre » avant de dissimuler un objet sous son lit.
A 14 h 30 pour la signature d’un document supplémentaire, il a ouvertement annoncé au surveillant qui encadrait l’agent qu’il « regrettait qu’il n’ait pas été victime de coups de couteaux en céramique » avant de le menacer de mort d’un « je vais te crever », de crier à plusieurs reprises « Allahou Akbar » et de réclamer son transfert. Il a alors jeté son flacon de gel douche contre la grille non sans préciser qu’il contenait son urine. Des projections du contenu de ce flacon ont atteint l’agent administratif et des surveillants.
Vers 15 h, les agents équipés, « et accompagnés des Eris en soutien » ont procédé à la fouille de sa cellule. Un manche de brosse à dent taillé en pointe a été retrouvé « dissimulé derrière le bloc sanitaire ».
Le détenu s’est ensuite agité à l’heure de « son double menottage nécessaire pour la fouille au corps avant d’être envoyé en promenade ». Il a réitéré des insultes à l’endroit des surveillants et a craché sur l’un d’eux.
28 compte-rendus d’incidents en un mois
Le détenu de 42 ans a immédiatement nié tous ces faits. « Je ne suis pas radicalisé, je ne suis pas musulman, je ne parle pas arabe », a-t-il fait savoir.
Lire aussi : Condé. Le détenu crache sur deux surveillants et frappe un troisième : deux mois ferme
vendredi 29 mars, dans le box des prévenus, il a campé sur sa position.
« Je n’ai pas dit cela, ni jeté le gel douche et j’ai porté plainte pour agression sexuelle après la fouille au corps. Ma détention à Condé est inadmissible. Les surveillants mettent des coups de pied dans la grille pour nous réveiller. Mais quoi je dise, j’aurai tort ! Pourquoi au bout de six mois à me tenir tranquille, j’aurai fait l’imbécile alors que je sors bientôt ? »
Son casier judiciaire fait état de 25 condamnations « dont 11 pour outrages voire violences sur personne dépositaire de l’autorité publique ».
Dans la précédente prison où il était affecté, il a fait l’objet de « 28 compte-rendus d’incidents en un mois », rapporte la présidente pour justifier sa présence au centre pénitentiaire de Condé.
« Il souhaitait que ses propos aient une dimension publique »
La procureure de la République note que ce sont, au fil des années de détention du prévenu :
« 40 comptes-rendus d’incidents » qui ont été enregistrés à son encontre « donc nous ne sommes pas face à un profil qui ne fait pas de difficultés et son casier judiciaire révèle aussi une intolérance à la frustration et une réticence à l’autorité avec pléthore d’outrages. Cela justifie sa présence à Condé ! »
Elle rappelle qu’en raison de son annonce de la grève de la faim, il fait « l’objet de vérifications particulières pour sa sécurité ». Il doit donc se manifester quand ça lui est demandé. Elle ajoute que « les surveillants sont en reprise d’activité normale à Condé, leur intérêt est donc que le centre pénitentiaire fonctionne normalement. Quel serait leur intérêt d’inventer un incident ? »
Lire aussi : Prison de Condé. Ce que les surveillants ont obtenu auprès de l’administration pénitentiaire

Le détenu avait été placé au quartier disciplinaire. (©L’Orne-Hebdo)
La représentante du Parquet insiste sur la gravité de l’apologie publique d’un acte de terrorisme :
« Il s’est réjoui et a fait l’éloge de l’attentat du 5 mars. Il souhaitait que ses propos aient une dimension publique en les proférant fort jusqu’à être entendus dans la coursive, sans savoir qui y était. La prison est un lieu public accessible sous certaines conditions notamment au procureur de la République et aux députés. Ses propos sont intolérables, notamment pour les surveillants particulièrement marqués par l’attentat du 5 mars qui a engendré de graves blessures de deux d’entre eux. »
Dans le même temps, elle considère que « ces faits ne sont pas très étonnants de la part de ce détenu compte-tenu de son profil, de ses antécédents, de son attitude en détention qui lui a valu son transfert à Condé. Il s’est tenu à carreau six mois mais n’a pas pu davantage ». Elle requiert alors trois ans de prison ferme à son encontre.
« J’ai une famille qui m’attend dehors »
Après la plaidoirie de son avocate, le détenu a annoncé qu’il « ne cautionne pas ce qu’ont fait ces gens là donc je n’ai rien dit de cela. Ma sortie est prévue fin 2021 et j’ai une famille qui m’attend dehors ».
Le tribunal a finalement condamné ce détenu de 42 ans à deux ans de prison ferme.
Il devra, en outre, dédommager l’agent administratif à hauteur de 800 €, trois des surveillants à hauteur de 500 € et deux autres à hauteur de 400 €.