
Le tribunal de Cahors. (©La Vie Quercynoise)
Entre avril et juin 2018, cette pizzeria, située en plein centre de Souillac, se fera cambrioler trois fois par la même personne !
Lors du premier cambriolage le 19 avril 2018, Z. était accompagné de M., convoquée elle aussi devant le tribunal de Cahors jeudi 14 février 2019.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de drogue et d’alcool, les deux prévenus étant consommateurs. Lors de leur garde à vue, ils ont tous les deux reconnu les faits. « La porte était mal fermée. C’était pas calculé, on sortait d’une soirée. Je m’en souviens très bien. Avec l’alcool et les médicaments, on ne calcule pas les conséquences » explique Z. « On n’a pas réfléchi. J’ai pris la caisse, il y avait 300 €. Il a pris le coffre-fort. On a partagé la bière » ajoute M.
Drogue dure
Les deux prévenus ont des parcours judiciaires très différents.
Z., 35 ans, suit un traitement à la méthadone suite à son addiction à l’héroïne. Ce père de deux enfants ne travaille pas. En raison de plusieurs condamnations à son casier judiciaire (6 au total), il est suivi par le SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation), qui a rendu un rapport très négatif sur lui précisant qu’il ne se rendait pas aux convocations…
M. est née en 1996 et vit dans la rue. En raison de son jeune âge et de son casier judiciaire vide, la présidente du Tribunal Mme Six s’est montrée attentive. « Vous êtes jeune. Vous continuez à consommer des produits stupéfiants, ça se voit (la présidente fait allusion au fou rire inexpliqué que M. a attrapé à la barre NDLR). » « Je suis tombée dans la drogue dure à 18 ans. Je n’ai plus mes parents, j’ai pas de famille. Je suis toute seule. J’ai arrêté l’école à 17 ans » répond M., qui précise qu’elle n’a aucune ressource, n’a fait aucune démarche auprès de l’administration pour en avoir et vit « au 115 ».
Prison ferme et main tendue
« Ils cherchaient de l’argent pour s’acheter de la drogue » explique la substitut au procureur. Contre M., elle demande une peine de 4 mois de prison avec sursis-mise à l’épreuve (MAE) pendant 2 ans avec l’obligation de soins et de travailler. Quant à Z., bien connu de la gendarmerie de Souillac, elle estime qu’il est « un caillou dans la chaussure de Souillac qu’il va falloir enlever ». « Il faut que ça s’arrête là. Il a fait ces cambriolages pour s’acheter de la drogue et de l’alcool, pas pour manger. Je demande un an de prison ferme au vu du casier et des faits graves et répétés dans le même commerce. »
Pour Me Sonia Hadot-Maison, avocate de Z., son client est « décrit comme le délinquant public n°1 ». « Le vice est inhérent à l’homme. Personne n’est parfait. On ne naît pas délinquant, ce n’est pas un métier. C’est la conséquence d’une histoire chaotique. Il est complètement paumé. Pourtant il a des parents. Son ex-femme est très conciliante et lui amène les enfants régulièrement pour ne pas casser le lien. Il n’est pas tout seul, mais il n’y a pas eu encore de déclic. Il faut encore lui donner l’occasion de se reprendre en main. »
Z. a été condamné à la peine de 7 mois de prison ferme. Quant à M., elle écope d’une peine de deux mois de prison avec sursis-MAE pendant deux ans avec obligation de soins et de suivre une formation. « Vous allez être suivie par le juge de l’application des peines. Il faut vous ressaisir. Il faut vous accrocher. On a conscience que vous avez de grandes difficultés » lui lance la présidente.
Le gérant du restaurant ne s’est pas constitué partie civile.