
La Ville de Deauville souhaite encadrer les locations meublées du type Airbnb. (©Le Pays d’Auge)
Dans les villes où le tourisme bat son plein, les plateformes du type Airbnb, qui permettent à des particuliers de louer tout ou une partie de leur propre habitation comme logement temporaire, ont réussi à s’imposer comme des acteurs incontournables dans l’économie touristique.
Selon AirDNA, la plateforme d’observation économique Airbnb, la commune de Deauville enregistre 557 locations de meublés destinés à une clientèle touristique, du logement entier à la chambre privée, de la villa avec vue sur mer à la propriété avec piscine. Lors du dernier relevé l’Observatoire Airbnb en septembre 2017, Deauville comptait 601 offres sur Airbnb : 21 chambres et 580 logements entiers. Un atout pour le tourisme ? Pas que.
Réguler les locations meublées « temporaires »
Le problème posé concerne le flou qui peut exister entre les loueurs particuliers « occasionnels » et ceux professionnels « réguliers ». Avec la plateforme Airbnb, chacun peut s’improviser loueur, de façon régulière, sans se plier aux obligations légales et fiscales auxquelles sont soumis les « vrais » professionnels. La raison pour laquelle beaucoup parlent de « concurrence déloyale ».
Classée commune touristique et station de tourisme depuis 2009, Deauville veut faire de même pour « concilier son activité touristique avec l’accès au logement de sa population résidente ». Philippe Augier, maire de Deauville, insiste :
Nous souhaitons rendre obligatoire la déclaration des locations meublées à destination des touristes.
Les objectifs sont variés. Cela permet de « réguler les locations de meublés touristiques » et de « lutter contre la pénurie de logements ». En effet, à terme, il pourrait y avoir un risque « pour l’offre de logements permanents destinés aux habitants de la ville ou aux nouveaux arrivants ».
Changement d’usage
Cinq raisons sont mises en avant par la Ville concernant l’encadrement des locations de meublés destinés aux touristes :
- préserver le parc de logements permanents
- observer les flux touristiques
- le risque pour l’équilibre économique et social
- la concurrence déloyale
- la nécessité de quantifier la population présente sur le territoire
Pour atteindre ces objectifs, les élus ont adopté une délibération concernant la procédure d’enregistrement obligatoire des meublés de tourisme. Le maire peut ainsi proposer au préfet d’instaurer un régime d’autorisation de changement d’usage des locaux d’habitation en question.
« La pêche à la taxe de séjour »
Cette procédure de changement d’usage est accordée par le Maire de façon temporaire. Les autorisations seront accordées pour une durée de trois ans pouvant être renouvelée suivant la procédure.
Pour la Ville, ce changement d’usage est aussi une stratégie. « Ça va nous permettre d’identifier les loueurs et d’aller à la pêche à la taxe de séjour », résume Philippe Augier. « Une recette très importante pour la ville », ajoute Guillaume Capard, adjoint en charge des finances.